Écrit par : Stéphanie Deslauriers
Des parents sont déjà venus sonner chez nous, alors que j’étais enceinte jusqu’aux oreilles et qu’on s’apprêtait à s’attabler pour souligner le 11e anniversaire de beau-fiston. Quand nous leur avons ouvert la porte, nous avons appris qu’il y avait un conflit entre leurs deux jeunes garçons. Ils sont ensuite entrés chez nous sans qu’on les y ait invités et ont déballé leur sac, leur colère et leur tristesse au passage. On s’est sentis tellement envahis, surtout dans ce moment qui devait être festif!
Cette expérience personnelle m’a marquée, vous vous en doutez, en plus de réaffirmer mon point de vue de professionnelle : s’il vous plaît, parents, ne faites surtout pas ça!
En tant que parent, vous n’avez qu’un seul point de vue : celui de votre enfant. Et évidemment qu’on tend à être protecteur de notre tout-petit! Lors d’une de mes conférences, une maman a résumé cet instinct de protection en deux mots : « mama bear ». Tous les autres parents se sont reconnus dans cette expression!
Quand votre enfant vit une situation chargée émotivement, il est tout à fait normal que cela suscite son lot d’émotions chez vous aussi. Or, lorsque votre enfant se sent envahi par la colère, la tristesse, l’injustice – alouette! –, il a besoin d’être sécurisé… raison pour laquelle il en parle à ses personnes de confiance préférées : ses parents. Pour répondre à ce besoin de sécurité, vous devez donc vous montrer à l’écoute et, surtout, calme. Je sais, je sais! Ce n’est pas facile du tout. On tend nous aussi à être en mode réaction plutôt qu’en mode solution; on cherche à se décharger émotionnellement. De ce fait, on peut rapidement devenir non constructif dans nos remarques, ce qui a pour effet d’alimenter les émotions désagréables ressenties par notre enfant, ainsi que les nôtres. On tombe alors dans ce qu’on appelle la « co-rumination ».
Dans un premier temps, quand votre enfant vous fait part d’un conflit qu’il a vécu, tentez de rester calme et à l’écoute en posant des questions dites ouvertes, du genre « Avec qui étais-tu? Comment t’es-tu senti? Quelles solutions as-tu utilisées? Qu’aimerais-tu faire pour la suite des choses? ». Ainsi, vous sollicitez des réponses plus élaborées qui tiennent compte des besoins et des désirs de votre enfant.
Dans un second temps, vous pouvez verbaliser que vous comprenez qu’il se sente ainsi, que c’est normal. En agissant de la sorte, vous faites preuve d’empathie. Cette empathie apaise énormément petits et grands – tiens donc, exactement ce dont avait besoin votre enfant à ce moment!
Ensuite, vous pouvez examiner avec lui les solutions qu’il a tentées de mettre en place pour régler le conflit ainsi que celles qu’il aimerait essayer. Vous pouvez alors le guider dans son choix de stratégie proactive, prosociale et réaliste. En faisant cela, vous donnez le pouvoir à votre enfant : c’est ce qu’on appelle l’empowerment. Grâce à ce type d’intervention, votre enfant apprendra à se faire de plus en plus confiance dans diverses situations, dont la gestion de ses conflits. Et soyons honnêtes, il risque d’en vivre tout au long de sa vie. Alors, aussi bien l’aider à développer des outils dès maintenant plutôt que d’agir à sa place en tentant de régler le problème vous-même, ce qui lui montrerait que vous ne croyez pas en ses capacités de gestion de conflit et que vous n’avez pas confiance en lui. En plus, si vous agissez à sa place, vous ne lui laissez pas l’occasion de s’exercer, ce qui l’empêchera de développer ses habiletés.
Donc, faisons confiance à nos enfants, rappelons-nous que les conflits sont normaux, voire sains, dans les relations interpersonnelles et que ce dont nos enfants ont besoin, c’est de se sentir écoutés et épaulés.