Écrit par : Julie Provencher
Cette situation vous est familière ? Fiston lit. Oui, mais il ne lit que des bandes dessinées. Lit-il vraiment le texte ? Regarde-t-il seulement les images ? Dois-je l’encourager à diversifier ses lectures ? Est-ce une lecture plus facile que le roman ?
Parfois, dans notre société, la bande dessinée est peu valorisée comme choix de lecture, et pourtant, c’est un genre littéraire tellement riche qui plaît énormément aux garçons. Démystifions d’abord ce genre de lecture et citons les avantages associés aux bandes dessinées.
Tout comme le roman, une bande dessinée est un récit. Il y a un début, un milieu et une fin, des problèmes et des solutions. On y trouve également des dialogues entre les personnages. Il s’agit donc d’un court récit. Bien sûr, on n’y retrouve point les belles et grandes descriptions présentes dans les romans, car l’image est là pour accompagner le lecteur. Ce lecteur doit cependant exercer une double lecture : lire l’image qui donne plusieurs indices et les mots du texte. Contrairement à certains romans, la bande dessinée ne décrit pas tout. Le lecteur doit combler les manques d’information. Il doit réussir à construire le sens de l’histoire. Une lecture qui semble donc simple de prime abord, mais qui est complexe. Pensons, par exemple à une situation réelle entre un père et son enfant. Le père dit : « C’est intelligent ! » Est-il sérieux ou ironique ?
L’enfant a accès à plusieurs indices pour interpréter le message : l’expression faciale, le contexte, etc. Les mots prononcés ne suffisent pas. La bande dessinée est truffée de ces situations où l’humour et l’ironie sont au rendez-vous. Un ton particulièrement aimé par les garçons.
Puisque la bande dessinée se limite à l’essentiel pour donner vie à un court récit, tout n’est pas dit. Le lecteur doit « inférer » les informations manquantes et ceci est une stratégie utilisée par un bon lecteur, car celui-ci doit déduire les informations qui ne sont pas mentionnées de façon explicite dans le texte. Il doit « lire entre les lignes » pour découvrir le sens. (ex. : Jean court pour aller à son travail et lorsqu’il arrive, le patron lui dit « Vous n’êtes pas en avance ! » Le lecteur peut alors deviner que Jean est en retard.)
Une autre stratégie utilisée par un bon lecteur est de prédire et d’anticiper les informations. Un lecteur de bandes dessinées est en constante résolution de problème « Que va-t-il se passer ? Va-t-on trouver une solution ? Oups, ce n’est pas ce que je pensais ! » Tout comme le roman, la bande dessinée sollicite d’excellentes stratégies en lecture. Être actif en cours de lecture et réfléchir au déroulement du récit n’est pas moins exigeant que de lire un roman.
Parce que la culture et l’humour sont très présents dans les bandes dessinées, il n’est pas rare que votre enfant doive faire des liens avec sa vie, son environnement et même l’actualité pour comprendre les informations du texte. Il peut penser à sa famille, à une situation qu’il a déjà vécue. Faire des liens entre le texte et sa vie est une autre stratégie essentielle utilisée par le bon lecteur, que ce soit à la lecture d’une bande dessinée ou d’un roman.
Par ailleurs, sans le savoir, votre enfant développe son appréciation artistique. Chaque case est une œuvre d’art ! Votre enfant observe le style de l’illustrateur, le choix des couleurs et la façon d’exploiter le cadrage et l’espace, et tout cela contribue à le sensibiliser aux arts. Il a accès à un musée dans un livre, quoi !
Votre enfant a aimé les Astérix et Obélix, il les a tous lus ? Proposez-lui une autre collection de bandes dessinées, il y en a tellement à découvrir ! Chaque minute de lecture dans le plaisir contribue à son développement.
Vous pouvez aussi proposer des livres hybrides. Votre enfant appréciera sûrement le mélange moitié bande dessinée, moitié texte sans image. Mes enfants ont adoré les collections Billy Stuart, Capitaine Static, Dragouilles, Savais-tu et Connais-tu ? Les textes descriptifs avec le jeu des images forment un mélange bien intéressant.
Un abonnement à un magazine peut aussi aider votre enfant à diversifier ses lectures. Dans une revue, l’image est importante, mais les textes sont souvent porteurs de sens. Plusieurs magazines destinés aux enfants favorisent les textes d’information, très différents des bandes dessinées qui ont plutôt la structure d’une histoire, d’un récit.
Il y a aussi des livres qui ont gagné des prix ou qui sont choisis par des experts de la littérature jeunesse ! Communication jeunesse est un organisme culturel d'envergure nationale, à but non lucratif, qui fait la promotion de la lecture et sélectionne de la littérature de qualité pour nos enfants de 0 à 17 ans. Pour consulter leur sélection, cliquez ici.
Conclusion : il n’y a pas de mauvaises lectures, l’important c’est que votre enfant se connaisse comme lecteur et qu’il trouve des lectures qui lui plaisent. Tout comme les jouets de votre enfant, ses lectures se transformeront et varieront au cours de sa vie. À vous de l’accompagner et de valoriser ses choix !
Connaissez-vous cet événement ? Le festival BD de Montréal ! Un événement à découvrir, pour petits et grands.
Pour plus d’idées lecture à intégrer à votre quotidien, vous pouvez consulter mon livre Trucs Lecture aux éditions CARD. Vous pouvez également visiter mon site www.pouvoirdelire.com ou joindre notre communauté Twitter @Pouvoirdelire
Julie Provencher, maman, enseignante et conférencière