Écrit par : Marjolaine Cadieux
Nos mousses sont à la maison depuis quelques semaines et l'effervescence ainsi que l’excitation de ce congé forcé commencent probablement déjà à se dissiper. Résultat? L’ennui se pointe le bout du nez. On a beau redoubler d’efforts pour leur trouver des activités éducatives (ou non) à faire, les enfants s’ennuient. Ils tournent en rond dans la maison et risquent de se tourner vers l’une des activités les plus populaires en ce moment : grignoter.
Voici donc mes petits trucs pour que les aliments ne deviennent pas des passe-temps. (Ce qui est bien, c’est qu’ils s’appliquent aussi aux parents!)
Le fait de ne plus aller à la garderie ou l’école ou de faire du télétravail peut bousculer les horaires qu’on avait habituellement. On peut donc se lever plus tard, manger à des heures atypiques, etc. Bien que la flexibilité soit importante, maintenir un certain horaire de repas l’est tout autant.
En tant que parent, c’est notre rôle de déterminer quand les aliments sont consommés. Il pourrait donc être pertinent d’établir un nouvel horaire de repas selon la nouvelle routine et d’impliquer notre enfant dans son établissement. Celle-ci permet d’encadrer l’enfant et de le rassurer, mais également de savoir quand sont les moments des repas et des collations.
Pour tenter de chasser l’ennui, développer une banque d’activités qui ne sont pas liées à la nourriture pourrait être pertinent. Sur Internet, on retrouve plusieurs de ces listes dont on pourrait s’inspirer. On peut également faire participer les enfants à son élaboration et en faire un projet bricolage. Ainsi, lorsqu’on voit les enfants rôder dans la cuisine ou le garde-manger, on peut leur demander plutôt de choisir une activité dans la liste!
En essayant de distraire nos enfants, on peut tenter plusieurs activités. La majorité d’entre elles risquent de se dérouler à la table de la cuisine; la cuisine est un lieu de rassemblement pour plusieurs familles. Cependant, le fait de toujours être dans la pièce où on mange peut nous donner envie de manger, et ce, sans ressentir la faim.
Il pourrait donc être pertinent d’aménager un autre coin de la maison où les enfants et nous-mêmes travaillons et passons du temps. Ce peut d’ailleurs être un beau projet de famille d’essayer de trouver une pièce où les activités pourraient se faire, l’aménager, le décorer, etc. En étant moins exposé aux aliments, on y pensera moins. La cuisine devrait donc idéalement être utilisée pour les repas uniquement.
C’est important de faire la distinction entre grignoter et collationner. Grignoter implique que ce n’est pas une portion définie (souvent on se sert à même l’emballage) versus une collation où une quantité est déterminée. De plus, le grignotage survient souvent quand on n’a pas réellement faim, contrairement à la collation.
Ainsi, pour réduire le grignotage, on peut tenter de sensibiliser notre enfant aux signaux corporels. C’est important de ne pas associer des aliments à un passe-temps, à quelque chose de rassurant ou qui nous aide à aller mieux. Les aliments ont une fonction : nous nourrir. Il est donc pertinent de demander à notre enfant ce qu’il ressent lorsque l’envie de grignoter lui prend. La faim est une sensation physique qui s’accompagne de signes (gargouillement, tiraillement léger, creux, sensation de vide, etc.). C’est donc ce que notre enfant devrait décrire s’il a envie de manger. Si notre enfant n’est pas capable de nous exprimer ces signaux, c’est probablement de l’ennui ou d’autres émotions qui lui donnent envie de manger.
En tant que parent, on pourrait aussi opter pour ce moment pour discuter avec notre enfant et lui permettre de mettre des mots sur ce qu’il ressent et lui expliquer le rôle des aliments (nous nourrir, pas gérer nos émotions ou notre ennui).
Il se peut qu’on mette ces recommandations en place et que le grignotage se poursuive. Ce n’est pas grave! La situation actuelle est nouvelle et peut être anxiogène et stressante pour nos enfants (et nous !). Se tourner vers la nourriture pour apaiser ces réactions est normale. Ce n’est pas sain, mais c’est normal. On reste donc bienveillant avec nos enfants et nous-mêmes s’il nous arrive encore de grignoter! Après, on essaye de comprendre ce qui nous a poussé à manger sans avoir faim et on tente de mettre des solutions en place, sans se taper sur la tête.
Pour terminer, je tenais à rappeler que limiter l’accès à la nourriture (ne plus acheter nos collations préférées), formuler des commentaires désobligeants lorsque nous ou nos enfants grignotons ou encore donner des punitions lors de ces comportements n’est PAS pertinent. En effet, ce peut être très malsain pour la relation que notre enfant entretient avec les aliments! Gardez en tête que des mesures trop drastiques pour essayer de limiter le grignotage auront plus d’effets négatifs que positifs.
Marjolaine Cadieux, Dt.P, M.Sc
@lespiedsdanslesplats_
www.lespiedsdanslesplats.ca
marjolainecadieuxnutrition@gmail.com