Écrit par : Nanny Secours
Selon Janet Moyles, professeur émérite de l’Université Anglia Ruskin, au Royaume-Uni « le jeu, le vrai, est contrôlé par l’enfant. Il est initié et dirigé par les enfants puis soutenu et développé par ces derniers pour atteindre leurs propres buts. » Elle définit le jeu comme faisant appel à la créativité, à l’imaginaire, et n’a pas de fin prévisible1.
Selon les Nations Unies2, le jeu est un droit. C’est ce que révèle l’article 31 de la Convention des Nations Unies relatives aux droits de l’enfant.
Le jeu libre consiste en fait à laisser l’enfant être le maître du jeu. C’est lui qui décide de tout, dans la mesure du possible. L’adulte devient alors un accessoire au jeu de l’enfant,ce qui a pour effet de stimuler l’imaginaire et de développer l’autonomie de ce dernier. De plus, par le jeu, il répète certains apprentissages afin de les maîtriser.
Comme parent, il n’est pas toujours simple de laisser son enfant jouer seul, encore moins à l’extérieur. En effet, les parents sont de plus en plus occupés par les tâches quotidiennes, le travail, les rencontres et j’en passe. L’horaire de l’enfant est souvent bien structuré : garderie, cours de karaté, de piano ou encore de gymnastique. La fin de semaine est très souvent organisée avec les visites dans la famille, le ménage et les courses à faire. Nous avons l’habitude de trouver quelque chose pour occuper les enfants afin qu’ils ne s’ennuient pas et que nous puissions faire ce que nous devons faire. Parce que s’ils s’ennuient… ils vont se mettre à courir partout ! C’est du moins ce qui est répandu dans la croyance populaire. Loin de moi l’idée de juger les comportements des parents qui font tout ce qui est en leur pouvoir pour que leurs enfants puissent se développer le plus harmonieusement possible. Nous voulons simplement accomplir toutes nos corvées; nous occupons donc nos enfants.
« Or au contraire, il est très bon de laisser les enfants jouer seuls, pour développer leur autonomie, leur débrouillardise, bref, leur imaginaire à eux. » souligne Silvia Galipeau, journaliste à La Presse3.
Pour l’enfant, jouer constitue son travail à temps plein. C’est par le jeu qu’il apprend à vivre en société, qu’il teste ses propres limites (et parfois les limites de ses parents!), qu’il développe les multiples facettes de son cerveau. Car, en effet, l’enfant apprend énormément en s’amusant, et encore plus lorsque le jeu vient de sa propre initiative et qu’il en est le maître.
Cependant, il arrive que lors de périodes de jeux libres, l’enfant semble s’ennuyer. C’est bien, voire nécessaire, afin de l’amener à développer sa créativité. Un enfant qui s’ennuie, c’est un enfant qui se « repose » et prend le temps de trouver autre chose à faire. Bien sûr, nous sommes tentés comme parent de lui trouver de quoi l’occuper. Pourquoi ne pas simplement lui dire : « C’est une bonne chose que tu t’ennuies »?
Mathieu Point, professeur au Département des sciences de l'éducation à l’Université du Québec à Trois-Rivières, précise que « c'est correct de laisser un enfant s'ennuyer un peu. Quand un enfant s'ennuie, il est poussé à développer sa créativité et à se servir de ce qu'il a autour de lui pour s'amuser et briser cet état d'ennui. Il ne faut pas toujours vouloir absolument occuper l'enfant. Il va s'occuper par lui-même4. »
« Une seule règle d’or, finalement : laissez du temps à votre enfant. Du temps non structuré, évidemment sans écran. Pour qu’il s’ennuie, qu’il finisse par s’occuper, pour jouer, seul, avec des amis, ou pourquoi pas avec vous. C’est la clé. » conclut Silvia Galipeau.
Alors, laissons les enfants jouer à rien!
Julie Lachapelle, B.Éd
Coach familial, formatrice et propriétaire de Les Poppins
Membre du réseau Nanny Secours
Références
Pour aller plus loin :
1.Information tirée du cours en ligne : « Jouer pour apprendre en petite enfance » dispensé entre le 2 novembre et le 6 décembre 2015 www.uqtr.ca/moocpetiteenfance
2. http://www.cccf-fcsge.ca/wp-content/uploads/RS_78-f.pdf
3. http://plus.lapresse.ca/screens/a3b6e585-dbec-4ed3-a044-f35665d96ed2|ocoAI-KYalmp.html
4. https://www.lhebdojournal.com/laisser-les-enfants-etre-des-enfants/