Écrit par : Nanny Secours
Chez l’adolescent, les mensonges et « omissions » prennent un tout autre sens que chez l’enfant. En effet, jusque vers l’âge de huit ou neuf ans, l’enfant ne fait pas toujours bien la différence entre l’imaginaire et le réel et il est souvent incapable de se mettre dans la peau de son interlocuteur donc de bien saisir l’impact de ses mensonges. Chez le jeune enfant, cela prend donc plus souvent l’allure d’un jeu. Il vérifie, veut voir si vous découvrirez la vérité; il fabule et s’invente des histoires ou tente simplement d’éviter de devoir faire une tâche ou de subir une conséquence.
Toutefois, l’adolescent, bien qu’encore très égocentrique, est en mesure d’anticiper la déception de l’autre et connaît les valeurs rattachées à l’honnêteté. Alors, pourquoi ment-il ?
Le mensonge est souvent un mécanisme de protection lorsqu’il se sent attaqué; il ment alors pour éviter d’être puni, pour éviter de décevoir, de devoir écouter un « sermon » ou de perdre la confiance de l’adulte. Il tente parfois de se désengager relativement à ses erreurs, de se déculpabiliser, de fuir ses responsabilités ou de ne pas assumer les conséquences de ses actes. « C’est pas ma faute ! C’est lui qui… », « Tous les autres le font ! », « Ce n’est pas à moi ! », etc.
Les adolescents auront parfois tendance à mentir lorsque vous posez trop de questions, que vous les encadrez à l’excès ou que vous vous inquiétez pour rien (à leurs yeux…). C’est souvent le principe de « ce qu’on ne sait pas ne fait pas mal… » Ils vous mentiront alors pour se défaire d’une emprise trop étouffante.
L’ado peut mentir seulement pour le fun, pour s’amuser à vous mettre en colère, pour voir s’il va réussir à vous embobiner.
Dans ce cas, l’adolescent ment par défi, pour vous faire réagir parce que vous détestez ça. Les mensonges seront « gros » et évidents de façon à déclencher un affrontement.
Il le fait aussi pour le plaisir d’embellir la réalité, pour voir si on le croira et parce que ça l’amuse de vous « mener en bateau ».
Il peut alors embellir la vérité pour se rendre intéressant et attirer l’attention, pour éviter de devoir faire face à ses erreurs ou encore s’inventer des maladies et des mélodrames pour attirer la pitié.
S’il ment pour se déculpabiliser d’une erreur, n’insistez pas sur le mensonge et ne cherchez pas à prouver que vous avez raison. Dites-lui clairement ce que vous croyez et ce que vous pensez de ses actes : « Tu dis que ces cigarettes ne sont pas à toi, mais je ne te crois pas. Je pense que tu as peur de ma réaction. Tu sais que je ne veux pas que tu fumes ! », « Peu importe que ce soit toi qui aies commencé ou non ! Je veux que tu te rappelles que c’est important pour moi de… », « Tu es assez vieux pour savoir ce qui est bien ou mal ! Si tu juges que ce que font tes amis est mal, tu ne dois pas faire comme eux ! »
Mentionnez-lui que vous comprenez que c’est parfois difficile de dire la vérité et que vous appréciez les gens courageux. « Je crois que tu as peur de me décevoir. Mais si tu me dis la vérité, tu pourras être fier de toi. » Soulignez son courage s’il dit la vérité et diminuez la conséquence.
« Je pense que tu as peur de ma réaction, de me décevoir… », « Je pense que tu voudrais bien éviter de faire cette tâche… », « Est-ce que ça se peut que tu sois fâché contre moi et que tu fasses ça pour me contrarier ? », « Je pense que tu n’es pas fier de toi, hein! »
N’attendez pas d’avoir des « preuves » pour être conséquent. Si vous êtes certain qu’il a menti ou qu’il a fait quelque chose de répréhensible, appliquez la conséquence prévue au risque de vous faire accuser d’être injuste ! Privilégiez toutefois la réparation de ses gestes aux punitions vides de sens (ex. : s’excuser, rembourser un bris, rendre service à la personne lésée, etc.).
Par exemple, laisser traîner de l’argent pour voir s’il va le voler, lui demander comment ça s’est passé à l’école alors que son professeur vous a téléphoné pour vous aviser qu’il s’était battu. Évitez de le pousser à mentir (même lorsque vous savez qu’il a tort) en demandant : « As-tu fait ça ? » Il répondra instinctivement : « Non. »
En effet, si vous réagissez excessivement ou punissez à l’excès, si vous avez une attitude accusatrice, sarcastique ou méprisante lorsqu’il commet des bévues (une bataille à l’école, par exemple), il peut devenir bien tentant pour l’enfant de mentir pour éviter cette situation. Ne le traitez jamais de menteur même s’il a menti (ni de quoi que ce soit d’autre non plus… voleur, égoïste, etc.).
Et vous, vous arrive-t-il de mentir à votre ado ?