Écrit par : Stéphanie Deslauriers
De plus en plus d’études abordent le sujet : il y a un lien entre le temps passé sur les réseaux sociaux et le niveau d’anxiété et de dépression chez nos jeunes. Savez-vous pourquoi?
En fait, être exposé aux réseaux sociaux signifie voir du contenu qui n’est pas forcément représentatif de la vraie vie. Qui publie ses échecs? Qui aborde vraiment ses mauvais pas? Qui montre les côtés moins reluisants de sa vie, de sa personnalité? Très peu de gens. Et lorsque c’est fait, c’est dans un esprit de sensibilisation (je pense aux campagnes menées par de grandes entreprises dans le but d’amasser des fonds, durant lesquelles des personnalités publiques dévoilent des pans plus sombres de leur vie, par exemple).
Autrement, au quotidien, on aperçoit des photos de jeunes femmes et de jeunes hommes beaux, en santé, souriants, entourés d’amis, en voyage, à une fête huppée, etc.
Or, sommes-nous toujours sur notre 36? Ou en voyage? Ou entourés d’amis? Bien sûr que non.
Si nous, adultes, arrivons tant bien que mal à faire la part des choses – et encore! – et ne sommes pas à l’abri des statistiques alarmantes liant le temps passé en ligne et la comparaison sociale, c’est encore plus difficile pour nos ados.
En effet, ils sont dans une étape sensible de leur développement : ils apprennent à se connaître, à se distancier de leur famille en se rapprochant de leurs amis. Ils cherchent à plaire, à faire partie de la bande tout en développant leur unicité. Ouf, tout un défi! À cela s’ajoutent le cocktail hormonal, les changements corporels et le désir d’autonomie, et on obtient un résultat parfois explosif.
(Psst! Saviez-vous que ce serait seulement 10 % des adolescents qui vivraient une grosse crise? Cela étant dit, le passage de l’enfance à l’adolescence est rempli d’inconnues et de turbulences, grosse crise ou non.)
Un des trois aspects sur lequel se bâtit l’estime personnelle des adolescents est l’apparence physique. Les ados se comparent aux autres à tous les niveaux de développement, oui, mais au niveau corporel aussi, évidemment. Suis-je assez mince? Assez belle? Assez musclé? Assez fort? Qu’est-ce que je dois faire de mes poils qui poussent? Je me maquille ou pas? Comment m’habiller pour être à la mode? Suis-je assez pâle? Assez bronzée? Est-ce que je ressemble à mes idoles que je suis sur mes réseaux sociaux? Dois-je me faire poser des faux cils? Et des faux ongles?
Peu importe le genre de notre ado, il est exposé tous les jours, plusieurs fois par jour, à des corps minces, musclés, avec des courbes « juste là où il le faut ». Il croit, à tort, qu’il DOIT ressembler à ces images photoshopées, transformées via des filtres avantageux et, parfois, avec l’aide de la chirurgie esthétique.
Les images qu’il voit sont loin de représenter la réalité et peuvent altérer son image de soi, en se comparant négativement aux visages et aux corps qu’il aperçoit à longueur de journée.
Or, cela contribue à vouloir atteindre une image corporelle qui n’est pas atteignable, engendrant frustration, déception et insatisfaction permanente pour certains adolescents. Leur estime personnelle peut donc être atteinte.
D’abord, il importe de limiter le temps d’accès aux réseaux sociaux. On peut également exiger d’avoir accès à ses comptes afin de le suivre sur ses diverses plateformes et superviser ce qu’il publie… ainsi que les personnes qu’il suit.
On peut également, avec notre ado, visionner des vidéos et lire des articles qui abordent l’altération des visages et des corps sur les réseaux sociaux (j’ai en tête une vidéo montrant le processus Photoshop d’une image de A à Z à des fins publicitaires, facilement repérable sur des sites tels que YouTube). En regardant le tout ensemble, on peut ensuite entamer une discussion franche et ouverte à ce sujet.
Également, il faut prendre le temps de complimenter notre ado à propos de ce qu’il est, de ses qualités, de ses bons coups, de ses efforts… et pas seulement à propos de son apparence physique (même si on le trouve si beau!). Cela l’aide à se construire une image de soi sur l’ensemble de COMMENT il est et non sur un seul aspect aussi subjectif que la beauté.
Enfin, on doit aussi se questionner sur notre propre rapport aux réseaux sociaux, aux images qu’on y voit ainsi que sur les pensées et les paroles qu’on exprime à propos de notre apparence physique. Nos jeunes apprennent énormément en nous observant, ne l’oublions pas!