Écrit par : Catherine Levesque
La pandémie affecte grandement le marché du travail actuel. Certains domaines sont favorablement impactés, alors que pour d’autres, c’est très difficile. La disponibilité de main-d’œuvre d’un secteur et la pénurie d’un autre entraînent un mouvement de main-d’œuvre qui crée des opportunités intéressantes pour des travailleurs sans emploi, qui se voient offrir une seconde chance dans un autre domaine. Alors qu’un retour sur les bancs d’école était rarement considéré auparavant, cette option devient aujourd’hui très intéressante.
Le retour aux études n’est pas qu’une décision financière; c’est également une question de passion. Certes, il s’agit d’un investissement, mais quel meilleur investissement y a-t-il que de prendre une décision qui nous rendra heureux!
Ce choix ne doit certainement pas être pris à la légère. Je vous recommande fortement de consulter un conseiller d’orientation, ce que j’ai moi-même fait avant de prendre une décision définitive. S'assurer qu’il s’agit d’un bon choix est crucial. Ce n’est pas comme au baseball où le joueur a trois chances avant d’être retiré; se réorienter peut être lourd de conséquences!
Loin de moi l’idée de faire l’éloge de la pandémie, mais cette situation aura certainement rendu les conditions plus favorables à un retour aux études. Entre autres, il y a beaucoup moins de cours en présentiel, ce qui donne une flexibilité supplémentaire, surtout pour un parent! Les cours à distance permettent de mieux gérer l’horaire et d’éviter les déplacements.
Une fois que vous serez certain de votre décision, il faudra être bien discipliné et motivé à retourner sur les bancs d’école, même s’ils sont virtuels!
Pour augmenter les liquidités disponibles, il faut soit accroître ses revenus, soit réduire ses dépenses! Commençons par les solutions permettant d’augmenter les rentrées d’argent.
Le premier réflexe est de se tourner vers les prêts et bourses. Sachez que bien des établissements d’enseignement postsecondaire offrent des programmes de bourses d’excellence et d’admission. Même si le temps nécessaire à l’application peut paraître important, il s’agit certainement d’un bon investissement! L’obtention d’une bourse bonifie non seulement le portefeuille, mais elle solidifie aussi un C.V.
De plus, vous pourrez vous tourner vers l’Aide financière aux études (AFE) du gouvernement du Québec. Ce programme vient d’ailleurs d’être bonifié de 300 millions de dollars afin de mieux soutenir les étudiants en temps de pandémie. Et comme le défi est évidemment de plus grande ampleur si vous avez des enfants, sachez que le soutien financier octroyé par l’AFE aux familles est aussi augmenté si vous avez des enfants à votre charge. Ce qui est intéressant, c’est que même si vous étudiez à temps partiel, l’AFE peut vous attribuer le statut d’étudiant réputé temps plein. Ainsi, le calcul des prêts et bourses est plus généreux. Il faut cependant savoir que ce statut n’est considéré qu’à l’AFE : ce n’est pas un statut universel et il ne confère donc majoritairement aucun avantage auprès des établissements d’enseignement. Cependant, beaucoup de travail a été entrepris en ce sens par certains établissements d’enseignement dans les dernières années pour définir officiellement un statut de parent étudiant.
Si vous décidez d’entreprendre un changement de carrière et d’opter pour un retour sur les bancs d’école à temps plein, considérez l’option d’alléger vos sessions en allongeant votre cursus afin de pouvoir occuper un poste à temps partiel dans votre nouveau domaine. Si elle est possible, cette option vous permettra de minimiser le fardeau financier de vos études, en plus de gagner en expérience et de vous démarquer avant même d’obtenir votre diplôme!
L’économie de seconde main peut également devenir un revenu d’appoint et même être un bon investissement, particulièrement pour les trucs d’enfants. La revente de biens dont on ne se sert plus finance les nouvelles acquisitions, alors que l’achat de biens usagés permet de sauver sur le coût et donc d’en avoir plus pour son argent!
Il existe un programme semblable au régime d’accession à la propriété (RAP), mais moins connu : le régime d’encouragement à l’éducation permanente (REEP). Ce programme vous permet de retirer des sommes de votre régime enregistré d’épargne-retraite (REER), libre d’impôt, lorsque vous êtes inscrit dans un programme d’études à temps plein d’un établissement reconnu. Il permet donc d’autofinancer votre retour aux études à la hauteur de 10 000 $ par année, pour un maximum de 20 000 $, et ce, même si vous avez déjà bénéficié du RAP. La beauté de ce programme, c’est que le conjoint peut également contribuer, ce qui double les sommes disponibles pour le financement des études. Le solde doit être remboursé sur 10 ans à raison de 1/10 par année.
Au niveau du soutien financier, le gouvernement du Québec vient de débloquer 115 millions de dollars pour mettre sur pied le Programme d’aide à la relance par l’augmentation de la formation (PARAF). Ce programme a pour but d’aider financièrement les « chômeurs pandémiques » à acquérir de nouvelles compétences menant à des professions qui sont actuellement en demande. Ce soutien prend la forme d’une allocation de requalification de 500 $ par semaine. Un incitatif plus qu’intéressant en cette période de pandémie!
Dans un contexte économique précaire, il convient toujours de réduire ses dépenses au maximum. Cependant, lorsque nécessaire, il est possible de s’endetter intelligemment. Sans vouloir faire la promotion de l’endettement, il est préférable d’opter pour une dette ayant le plus petit coût possible. Par exemple, l’équité1 disponible sur une propriété est plus intéressante qu’un solde de carte de crédit impayé. En ce moment, les taux hypothécaires sont franchement très intéressants. Un autre exemple est le crédit d’impôt accordé aux intérêts payés sur les prêts étudiants. Cette particularité peut donc les rendre avantageux d’un point de vue fiscal comparativement aux autres formes de crédits ou prêts.
Évidemment, je me suis tournée vers un planificateur financier et un conseiller en sécurité financière pour évaluer ma capacité à faire face à ce nouveau défi et bien connaître l’ampleur de l’endettement auquel je pourrais m’attendre. Cela a certainement réduit mon anxiété financière; je vous le recommande fortement.
Si vous allez de l’avant avec ce projet, assurez-vous d’avoir l’appui de vos proches (particulièrement si vous avez des enfants!). Le soutien de votre conjoint et sa bonne compréhension de votre nouvelle réalité sont primordiaux.
De plus, si vous êtes parent, vous trouverez certainement de l’appui du côté des associations de parents étudiants de votre établissement d’enseignement. Vous y trouverez soutien, réconfort et socialisation! Ces associations mettent tout en œuvre pour défendre les intérêts des parents étudiants.
Être parent-étudiant-travailleur demande une bonne organisation. Il est normal de parfois se sentir dépassé et d’avoir l’impression que la situation est hors de contrôle! Soyez conscient de vos limites et n’hésitez pas à aller chercher l’aide nécessaire pour reprendre pied, si vous en sentez le besoin.
Pour conclure, tous les projets sont réalisables et des outils sont disponibles pour vous aider à y parvenir! Le contexte actuel facilite le retour aux études, alors pourquoi ne pas vous lancer et entreprendre un nouveau défi?
1. différence entre la valeur marchande de votre propriété et le solde de votre hypothèque