Tissés serré : l’attachement parent-enfant décortiqué | Article de blogue de Kaleido
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Tissés serré : l’attachement parent-enfant décortiqué

Isabelle Lessard blogueuse pour Kaleido

Écrit par : Isabelle Lessard

11 mai 2018

« Trop mignooon! » Qui ne s’est pas laissé attendrir par des photos de bébés ou de chatons confortablement pelotonnés dans des bras réconfortants? On dirait qu’ainsi démarrés dans la vie, rien ne pourra entacher leur bonheur. C’est ainsi qu’une image nous illustre l’importance de l’attachement dès les débuts de la vie.

Mais qu’est-ce qui fait que, 2 ou 3 ans plus tard, Justin ne semble pas se formaliser lorsque sa maman doit s’absenter, ou que, au contraire, Sandrine boude papa qui revient d’un voyage de quelques jours? C’est que l’attachement peut prendre différentes formes, selon le contexte.

Les 4 types d’attachement généralement reconnus

C’est en fonction du type et de la cohérence des soins reçus depuis sa naissance que l’enfant développera son modèle d’attachement. Selon les théoriciens, sont généralement reconnus les 4 modèles suivants :

 

  • L’attachement sécurisant, qui caractérise 66 % des jeunes enfants. L’enfant qui vit ce type d’attachement se sent en sécurité en présence de ses parents, ce qui fait qu’il est à l’aise d’explorer son environnement et aime revenir montrer ce qu’il a découvert. Il est triste si ses parents s’absentent, mais il ne panique pas; il exprime de la joie à leur retour.
  • L’attachement insécurisant de type évitant touche 20 % des tout-petits. Ceux-ci réagissent peu au départ des parents, sont ouverts à interagir avec une personne étrangère et demeurent distants au retour des parents, même s’ils vivent de la colère. Ils ne cherchent pas à attirer leur attention.
  • L’attachement insécurisant de type ambivalent, parfois aussi appelé préoccupé, est vécu par environ 12 % des bébés. Bouleversés quand une figure rassurante s’absente, ils deviennent trop anxieux pour explorer. Contrairement à ceux de type évitant, ils seront peu portés à aller vers les inconnus en l’absence du parent. Au retour de ce dernier, ils réagissent de façon incohérente, partagés entre l’envie de se coller et celle de bouder, tout en souhaitant attirer l’attention du parent.
  • L’attachement insécurisant de type désorganisé, qui correspond au plus haut niveau d’insécurité, se manifeste chez très peu d’enfants, heureusement. Il est difficile à observer, car l’enfant fait preuve de comportements contradictoires, mal adaptés, liés au stress vécu dans un milieu particulièrement inhospitalier pour eux.

Durable, mais pas à toute épreuve!

Le style d’attachement développé pendant l’enfance a de fortes chances de suivre l’enfant tout au long de sa vie. Il aura son importance, par exemple, lorsque s’établira plus tard une dynamique de jeune couple. Une personne ayant eu un type d’attachement préoccupé sera plus prédisposée qu’une autre à vivre de la dépendance affective, alors que l’attachement sécurisant mènera probablement vers une relation de couple mieux équilibrée.

Le type d’attachement n’est cependant pas à toute épreuve : il est tout à fait possible qu’un jeune enfant ayant vécu un événement traumatisant, comme le décès d’un proche, par exemple, vive de l’insécurité. Cela pourrait fragiliser l’assurance qu’il démontre habituellement dans ses rapports avec les autres. Mais l’inverse est aussi vrai : un enfant ayant développé un attachement insécurisant qui rencontre une personne qui l’aide à bâtir sa confiance pourrait tout aussi bien évoluer vers un style d’attachement sécurisant.

Comment développer un attachement sécurisant?

D’abord, tout est question de mesure. En gros, il faut trouver l’équilibre entre la protection et l’encouragement à l’exploration. On peut faire un lien avec les styles parentaux : un parent au style plus démocratique développera presque à coup sûr un lien d’attachement sécurisant avec son enfant. Voici toutefois certains concepts à garder en tête pour développer un lien sécurisant :

  • Disponibilité : à tout âge, l’enfant a besoin de savoir son parent accessible (tant physiquement qu’affectivement) en cas de besoin. L’apport du parent varie avec l’évolution de son enfant : bébé, celui-ci a littéralement besoin d’aide pour tenir debout. À l’âge adolescent, il peut avoir besoin de soutien pour se tenir debout au sens figuré; pour défendre une opinion, par exemple.
  • Affection : ne sous-estimez jamais le pouvoir d’un câlin, et ce, peu importe l’âge!
  • Complicité : il aura toujours besoin de savoir que son parent « joue dans la même équipe » que lui, malgré qu’il puisse y avoir divergence d’opinions et malgré le rôle d’encadrement que joue le parent.
  • Cohérence : la meilleure manière de miner la confiance de votre tout-petit envers vous, c’est d’être imprévisible. Évidemment, vous n’êtes pas parfait. Mais, au moins, permettez-lui d’anticiper vos réactions!
  • Respect : c’est la pierre angulaire de votre relation avec votre enfant. Un exemple parmi d’autres : dès la petite enfance, le respect de l’appétit de votre enfant lui lance un message : « Je te fais confiance ». N’oubliez jamais que les gestes parlent davantage que les mots. On ne se fait écouter d’un enfant que si on cultive chez lui l’envie de nous écouter, par la douceur du ton, par l’intérêt et la pertinence de ce qu’on a à dire et, surtout, en sachant écouter à notre tour.

Pour explorer le sujet davantage, n’hésitez pas à poursuivre vos lectures sur la théorie de l’attachement!

 

Source : Psychologie du développement humain, Diane E. Papalia, Ruth D. Feldman, Chenelière Éducation, 2014.